Le goût de mon dernier duel me colle encore au palais, me donne la nausée. J'ai en moi l'envie de démontrer que ce n'était qu'une simple erreur de calcul de ma part. Cette fois ci je vais m'y prendre différemment. J'avais voulu faire les choses correctement, saluer mon adversaire, lui laisser le choix de commencer, d'attaquer. Aujourd'hui je décide que non, que de toute façon, je suis meilleure en attaque, ou je ne sais quoi.

Je ne sais pas, je m'attarde sur les détails, à me demander sans arrêt si je suis meilleur d'un côté ou l'autre mais la vérité c'est qu'il faut juste être bon dans les deux. Alice n'était pas meilleure que moi, lorsqu'elle a gagné, elle a juste mieux contrôlé ses émotions, elle a simplement canalisé ses forces dans le combat et n'a pas laissé partir son esprit dans tous les sens, pas comme moi.

Mais c'est mon esprit qui agit tout seul, contre mon grès, je suis fichue avant même d'avoir commencé à penser. Il faut juste que je sache rester concentrée, quand je suis seule à m'entraine, tout se passe toujours bien. Mais personne ne devient quelqu'un en restant seule pour un entrainement. On devient quelqu'un en gagnant, et c'est que je veux faire aujourd'hui, gagner.

Je pince mes lèvres, je suis prête, j'enlève déjà ma baguette de mes cheveux, envoie valser mes mèches blondes derrière mon visage et je m'avance calmement sur l'estrade où Eléanore est déjà positionnée. Surement qu'elle a du avoir moins de réflexion en tête lorsqu'on la désigner, depuis combien de seconde m'attend-t-elle ? J'espère pas longtemps, mais j'entends déjà les murmures prononcés, c'est la folle Mercredi, qui se bat aujourd'hui.

Je me supplie à moi même de vider mon esprit, de ne plus penser, de me servir du temps qui me reste pour trouver un sortilège, quelque chose qui fera durer le duel mais qui ne m'empêchera pas de le gagner. J'incline le visage, regarde ses airs de poupées, j'aurai aimé me battre contre une maison adverse, mais je ne peux décider. Je réfléchi, note tout ce que je sais d'elle sur une liste perdu dans mon esprit. Elle est en sixième année, à Serdaigle, surement douée, mais on l'a dit aussi persuadée d'entendre les murs parler. Je crois qu'elle s'incline aussi pour me saluer, je ne sais pas, ni vois pas je cherche dans les livres que j'ouvre dans mon esprit un bon sort pour commencer. Quelque chose de ne pas trop compliqué.

Ils défilent devant mes yeux, en me demandant juste de faire mon choix. Et puis je le vois, juste là, perdu dans ma tête, comme si je l'avais oublié. Je souris un instant, calme tout ce que je peux ressentir, tous ce que je sais, tout le flot de donnée. Je ressens même mon pouls ralentir, je me mets en condition, pas comme la dernière fois, et au moment où je tends ma baguette en prononçant :

- Bloclang !

D'une voix qui ne semble pas venir de moi, je me rends compte que je ne mène pas ce duel contre Eléanore, mais plutôt contre moi.

« 17 septembre 2033,
Cher journal,
Les sélections sont à peine derrière moi. Je commence à voir mon plan prendre forme. J’ai reçu ma convocation pour mon premier duel. Je ne serais pas aussi douée que mon adversaire, mais j’espère bien progresser pour finir par marquer les esprits. Ils doivent parler de moi et de mes théories. L’évidence du complot doit être dans tous les murmures. Je compte d’ailleurs essayer d’aller parler au couloir du sixième. Celui qui parle, je te l’avais déjà mentionné. Si jamais j’arrivais à le convaincre lui aussi, je gagnerais déjà une bataille. Il va me falloir du temps et de la patience. Je tiendrais bon.
Pour mon duel, j’ai appris que je serais contre une élève de ma maison. De un an mon aînée. Mercredi March. Celle qui m’a volé mon poste de prédilection. Celle qui est devenue gardienne à ma place. J’ai été contrainte, à cause d’elle, de me contenter du poste d’attrapeuse. Te rends-tu compte journal ? Elle s’est mise en travers de mon plan. Je la soupçonne d’en cacher plus que les rumeurs veulent bien le dire. Sais-tu que je l’ai vu se rendre hors de l’école à plusieurs reprises l’année passée ? Je savais bien que cette blonde ne m’était pas inconnue. Avec un an de différence, l’écart de niveau ne devrait pas être flagrant. Mais tu le sais, journal, je n’ai encore jamais pratiqué ce genre d’expérience. Tu me diras journal, c’est bien pour cela que je me suis lancée. Ma quête est ma délivrance, l’ouverture des esprits, mais mon devoir de sorcière est de progresser. Je ne doute pas que la maîtrise de certains sortilèges puisse m’être utile pour les années à venir. Ma célébrité sera ma renommée. Ma renommée sera la clef de l’intérêt, de la vérité. »

J'attends de voir sa réaction, combattant avec moi-même pour garder mon calme, pour ne pas refaire mes précédentes erreurs. J'ai l'impression que le sortilège que j'ai lancé ne lui convient pas, comme si j'avais fais quelque chose de mal alors que justement c'est ce qu'on nous demande aujourd'hui, prouver qu'on est meilleure que l'autre, prête à gagner, à essayer, prête tout simplement pour le jour où tout explosera.

Je lis sur son visage comme elle bouillonne à l'intérieur et je me demande si elle saura sortir un sortilège convenable sans prendre feu. Même moi, je ne m'énerve jamais comme cela, je crois. Je sais que j'ai cette folie qui colle à la peau, mais je n'ai jamais envisager de défigurer quelqu'un et il semblerait que c'est ce qui traverse ses pensées. Pauvre petite fille qui ne sait pas se contrôler.
Je la comprends, ne dis pas que j'ai du ressentiment envers elle, je dis juste que je la comprends, parce que j'étais surement comme cela avant. J'ai envie de sourire en me disant que tout ce que je pense je ne le fais qu’hypothétiquement. Je me demande bien ce qu'on dirait de moi, si on arrivait à lire en moi.

« Everte Statis ! »

Quelques secondes seulement, le temps de divaguer et me voilà en train de faire un petit recul d'un mètre tout de même. J'incline le visage, me disant que je l'ai peut être sous-estimé, que la jeune demoiselle doit être un peu douée. Je pince mes lèvres, secoue le visage, passe par toutes les moues du monde et m'amuse d'avance de la voir fulminer.

Je me laisse emporter une nouvelle fois vers mon ancien duel et je me rends compte des erreurs que j'avais commise, si futiles. J'ai envie de divaguer, de me dire que la pleine lune est seulement dans une semaine et que je serais au ministère pour faire semblant de faire avancer les choses. De prendre part au monde des grands.

Je secoue une nouvelle fois le visage, je ferme les yeux, réfléchis à nouveau sur quel sortilège me focaliser, je fais le vide de mon esprit, de mes pensées. Ne me reste en tête que mes livres de sortilèges et enchantements. Je choisis celui de seconde année, pour le plaisir, pour m'amuser. Je tourne les pages, ressens encore l'odeur de neuf qu'il avait, l'année où je l'ai acheté. Nostalgique d'une Mercredi perdue, je trouve ce dont j'ai besoin, le sortilège qui m'a couté ma victoire la fois précédente.

Je pointe ma baguette, sure de moi, je n'hésite pas, je connais le sortilège, me suis entrainer. Ne reste plus qu'à savoir s'il va avoir l'effet escompté.

• - Expelliarmus !

Et advienne que pourra.