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Alice M. Ewing
L'ambition de Salazard. Ruse & pouvoir.
Alice M. Ewing
L'ambition de Salazard. Ruse & pouvoir.

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MessageSujet: retour aux sources.    retour aux sources.  EmptyJeu 19 Sep - 12:24

Je n'étais plus venue ici depuis très longtemps. Une éternité, plutôt. Oui, une éternité, c'était tout à fait cela. J'avais l'impression d'avoir vécu plusieurs vies depuis le temps. Peut-être qu'effectivement j'avais vécu plusieurs vies. Partant de là, deux questions se posaient. Quelle était celle que j'étais en train de vivre, et combien m'en restaient il. Pourtant, plus le temps avançait et plus le doute s'insinuait. Je n'avais plus aucune raison véritable de vivre, et pourtant, j'étais là. Dans quel but ? Je n'en savais strictement rien. Tout ce que je savais, c'était que cette vie là ne me plaisait pas. Je n'étais pas spécialement suicidaire, qu'on se le dise. Ma situation n'avait rien d'enviable. C'était un fait. Une simple constatation. Une présomption irréfragable. Je me sentais prisonnière, mise en cage contre mon gré. M'offrir un semblant de liberté, un semblant de vie normale alors que tous mes faits et gestes étaient surveillés, ma conduite dictée par une quelconque instance supérieure, contrôler jusqu'à même ma façon de penser, c'était pire que d'être derrière les barreaux. Dans le fond, je restais convaincue qu'ils auraient mieux fait de me laisser là bas. De m'oublier. De ne pas jouer les apprentis sorciers et faire de moi ce que je ne suis pas – de m'oublier, pour de bon. C'était ainsi que les choses auraient dû se passer, j'en étais convaincue. Au lieu de cela, je me laissais envahir par une rancoeur profonde, acide, mon âme tourmentée ne trouvait pas le repos – elle la trouverait jamais, j'en étais sûre. Il n'y avait que la haine qui puisse me maintenir en vie. J'oubliais peu à peu qu'un jour j'avais été humaine, que j'avais moi aussi eu des peurs et des doutes, mais que j'étais également douée de sentiments positifs. Comme tout à chacun. À la différence près que cette partie de mon cerveau était défectueuse. À part moi-même, je n'aimais personne, et encore, rien n'était moins sûr, puisque je m'autodétruisais, lentement, mais sûrement. Le processus avait démarré peu de temps après ma dernière escapade en ces lieux. Je n'en mettrais pas ma main à couper, mais j'étais quasiment certaine que j'avais disjoncté un peu à la même époque. Allez savoir si c'était à cause de ce qui se trouvait dans le couloir des murmures. Ce n'était pas un hasard si personne n'y allait jamais, c'était bien trop dangereux. Ils m'avaient punie parce que j'avais refusé d'aider toutes ces voix avec leur énigme. C'était forcément ça. Alors, incidemment, ils m'avaient fait payer. Ils m'avaient empoisonnée, s'insinuant dans mon esprit, et résister n'aura fait qu'aggraver la situation. Aujourd'hui, alors que tout ça était derrière moi – tout du moins, je le supposais – j'étais revenue en ces lieux maudits. Pour quoi faire ? Je n'en savais rien. Mais si mes pas m'avaient menée ici, c'était sans doute parce qu'il y avait une raison à tout cela, rien n'arrivait jamais par hasard.

Je me trouvais donc dans le couloir des murmures, et ce pour la première fois depuis des lustres. C'était troublant de voir qu'ici, rien n'avait changé. Le temps n'avait pas eu d'emprise sur ces vieilles pierres – comme sur l'ensemble du château d'ailleurs. J'étais la seule qui avait changé ici, et pas forcément en bien. Sitôt que je mis le pied en ces lieux, les voix m'avaient happées, m'appelant auprès d'elle – exactement comme la dernière fois. À la différence près que cette fois-ci, je n'allais pas me laisser faire, me laisser envoûter par leur timbre voluptueux et leurs mystères. C'était de la folie de m'y risquer à nouveau, surtout après ce qui s'est passé la dernière fois, mais je n'étais plus réellement à ça près, n'est-ce pas ? Je m'étais arrêtée, les poings serrés. Déjà, je sentais un sentiment d'angoisse m'envahir, m'étreindre toute entière. Fort heureusement, la légère douleur provoquée par mes ongles mordant la peau de mes paumes me ramena à la réalité. Je respirai un grand coup, le cœur battant à tout rompre. Elles continuaient à m'appeler, à me dire de venir à elles. « Vous ne me faites pas peur. » lançai-je à travers le couloir. Ma voix résonna quelques instants, avant de s'évanouir dans le lointain. J'ignorais de quelle longueur était ce couloir, ni jusqu'où il menait, et j'étais prête à parier que si quelqu'un se trouvait à l'autre bout, il ne m'entendrait pas hurler. J'avais beau allonger le cou pour tenter d'apercevoir ce qu'il y avait de l'autre côté, je n'en voyais pas le bout. Je voyais juste l'étau se resserrer au loin, comme si le couloir se rétrécissait tout seul – l'idée en soi n'avait rien de rassurant, je n'avais aucune envie d'être emmurée vivante. Je frissonnai de dégoût face à cette perspective. Quels sombres secrets renfermait donc ce couloirs? Mieux valait ne pas le savoir. Parfois, certaines choses étaient vouées à rester secrètes. Je n'étais pas certaine de vouloir savoir en fin de compte, je n'avais pas envie d'apprendre qu'il s'agissait d'âmes perdues qui hantaient les lieux pour l'éternité. J'avais déjà assez de fantômes dans ma vie comme ça, il était inutile d'en rajouter.

J'allais tout naturellement rebrousser chemin, mais j'en fus empêchée par des bruits de pas qui venaient droit vers moi. Cela ne faisait aucun doute, je n'étais plus seule dans ce couloir. Un instant, je crus que c'était ces petites voix qui me jouaient un sale tour, mais bientôt, tout me parut clair, il y avait bien quelqu'un d'autre, je n'avais pas rêvé. Je me retournai alors, pour faire face à l'individu qui m'avait dérangée en cet instant...et ce n'était malheureusement pas n'importe quelle personne. Sitôt que je l'eus reconnue, mes lèvres se tordirent en une moue dégoûtée. McGwen. Le simple fait de la voir ici, si proche de moi suffisait à me révulser. J'imaginais sans peine que ce dégoût était réciproque, mais pour une fois, je n'y pouvais strictement rien si elle avait décidé de s'inviter dans mon espace vital. « McGwen ». la saluai-je d'une voix sifflante tout en y  insinuant tout le mépris que je lui vouais en cet instant. Entre elle et moi, ça n'avait jamais été le grand amour, et ces dernières années, les choses n'avaient fait qu'empirer. Jusqu'alors, nous étions dans une situation de guerre froide, où chacune ignorait royalement l'autre et c'était très bien comme ça. Cependant, j'avais l'intuition que cette histoire était loin d'être terminée, que ce n'était pas un hasard si elle revenait dans ma vie maintenant, bien qu'en toute hypothèse, je m'en serais bien passé. « Tu es venue chercher un peu de compagnie ? » raillai-je d'une voix qui n'avait définitivement rien de sympathique. « C'est quand même navrant de voir que tu en es réduite à ça pour tromper ta solitude. » Les murmures, à côté de nous s'étaient faits plus forts, plus insistants. Comme s'ils cherchaient à nous dire quelque chose. À nous faire passer un message. J'entendis clairement le mot  sang. Comme si ça pouvait m'aider à y comprendre quelque chose. Je savais que j'avais du sang sur les mains, c'était un fait avéré. Alors, pourquoi ce mot, pourquoi maintenant ? Je dardai sur Hope un regard haineux, avant de tourner les talons. « Je vous laisse entre vous, j'ai fini ce que j'étais venue y faire de toute façon. » Un sourire malveillant vint alors ourler mes lèvres rosées. « Amuse toi bien...si ce n'est pas trop te demander. » Tout le monde ici savait comment était Hope : coincée du cul. Et encore, c'était un euphémisme. Elle souriait rarement, elle ne s'amusait jamais. Aussi loin que je me souvienne, je l'avais toujours connue trop raide, trop guindée. Psychorigide, en quelques mots. Pas quelqu'un de fréquentable, à mon sens. Alors, je la fuyais comme la peste. Elle me collait le cafard. Elle était d'une tristesse à pleurer. Et si à cette animosité, il y avait une raison toute autre, qui nous était inconnue ? Il paraît que ces murs détenait la réponse à toutes nos questions ? Et si c'était vrai ?
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Hope L. McGwen
L'esprit de Rowena. Sagesse & érudition.
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MessageSujet: Re: retour aux sources.    retour aux sources.  EmptyVen 15 Nov - 0:38

Changement de programme, nouveauté de l’instant. A peu de choses près, les étudiants de Poudlard pourraient brandir une banderole, proférer la bonne parole. Après tout, une fois n’était pas coutume, la Bronze & Azur se sentait légère, porteuse d’une bonne humeur qui ne lui était pas familière. Sourire aux lèvres, elle déjouait les remarques vipérines que certains osaient lui lancer, rappelant l’incident du labyrinthe de cette nuit-là. Au contraire, d’autres semblaient plus méfiants et brandissaient le poing en se cachant sous la robe de leur voisin, murmurant à qui voulaient bien l’entendre qu’elle était une préfète déchue. Le mot aggravait cette étrange euphorie qui ne la définissait pas, lui rappelant les contes de son enfance que Ruben – bon père – lui racontait le soir venu. Il lui parlait d’anges déchus et de religion moldue en souvenir de sa mère, passionnée de l’autre monde. Il lui parlait de blanc et de noir. De discernement et de nuances. De tout et de rien, comme ça, pour deux.
Ombre au tableau.
La première.
Cependant, la demoiselle n’accordait pas trop d’importance à cette nuance-là ; à cette grisaille qui tentait de perturber son esprit. Non. Elle pensait à autre chose. Son esprit ressassait l’événement de ce matin et son cerveau ne semblait que pouvoir se concentrer sur quelques grammes de kava et de myrrhes : échantillons qu’elle avait commandé et reçu sous la supervision de Manderly.
Il ne faut pas se méprendre, la demoiselle ne fumait pas. Mais ça ne l’empêchait pas de se sentir ailleurs. Dans des temps troublés – pour elle – il faut savoir se satisfaire de la plus minuscule opportunité.
Et puis, elle était là,
la seconde ombre au tableau.
***

Des murmures. C’étaient bien des murmures qui me parvenaient aux oreilles, me forçant à ralentir le pas, tandis que mes chaussures claquaient contre le froid du carrelage. Sans faire attention à mon parcours, mes pas m’avaient mené jusqu’au couloir. Ce couloir, ce satané couloir. C’était comme ça, c’était en moi, c’était n’importe quoi – comme un malaise grandissant que je ne pouvais expliquer. Mais les escaliers m’avaient détournée du droit chemin, celui que j’espérais, me parachutant dans cet endroit que je ne voulais pas visiter.
Négation, négation.
Je faisais soudainement la moue, me retenais de ne pas crier à l’imposture ou au complot – la compagnie d’Eléanore devait m’être monté à la tête. Je me retrouvais mal à l’aise, étrange sensation que celle d’être épiée, avec cette idée que l’ombre était encore là. Ridicule, je m’enfonçais dans le ridicule. Perdais le sourire pour ne pas dire que je perdais pied. L’envie de faire demi-tour me prit les tripes avant que les souvenirs ne vinrent me frapper. Quelques années auparavant, c’était une rencontre explosive qui s’y était déroulée en présence d’Alice. Alice, alice, pendue au bout de son fil. Dépressive l’artiste, exit, exit. Elle l’était, dépressive, ou du moins elle avait ce problème mental qui la caractérisait tant. Et meurtrière aussi, meurtrière. Et puis, il y avait eu cette rencontre aussi avec Owen. Et cette fois-là, j’avais voulu lui supprimer la mémoire. Meurtrière de mémoire.

Finalement, elle et moi, nous n’étions pas si différentes.
Si elle supprimait le corps, je supprimais l’esprit des autres – du moins, ce jour-là, j’avais tenté. Belle erreur.
Finalement, elle et moi, nous étions totalement différentes.
Je ne pouvais pas envisager une seule ressemblance, une quelconque chose qui pouvait nous rapprocher. Sa présence m’insupportait, c’était quelque chose qui ne se contrôlait pas. Elle m’insupportait, simplement, dans toute sa grandeur Ewingienne à trop vouloir se faire voir. A se laisser réintégrer. A être elle – ils auraient mieux fait de l’enfermer. Et elle était là, devant moi, se retourner lentement pour me faire face affichant une moue dégoûtée. Bienvenue gamine, je te rends la pareille, perdant les dernières miettes d’une félicité bien trop irréelle pour durer.

- McGwen. Sa voix, sifflante, me parvint aux oreilles couvrant la rumeur des murmures. J’en grimaçais, tentais de passer outre, lui intimant de continuer son chemin d’un signe de main. Mais le sarcasme était à portée de voix et, sans vraiment le vouloir, je baissais la tête comme pour saluer son passage.
- Ewing.
Enfantillage à deux mornilles ; qu’elle déguerpisse rapidement. Si affronter les regards des autres étudiants étaient une chose envisageable, je ne m’imaginai pas une seconde être sous son analyse mesquine.
- Tu es venue chercher un peu de compagnie ?
Instinctivement, je me mordais la lèvre inférieure, serrant le poing. Je lui avais accordé une chance. Une chance qu’elle ne semblait pas prendre au tournant, l’enterrant bien profond avec toute la compassion que je pourrais un jour lui montrer ( jamais, en toute logique ). Pourtant, je me surprenais à la laisser parler, espérant qu’elle n’aille pas plus loin. C'est quand même navrant de voir que tu en es réduite à ça pour tromper ta solitude.
C’était mesquin et mal placé. C’était elle, tout simplement. Lentement, je penchais la tête sur le côté avant de rire. Rire jaune, rire gras, rire nerveux – qu’il soit interprété comme elle le veuille. Pour répondre à son ironie, j’effectuais un large geste de la main, pour englober le ça qu’elle tentait de définir avec tout le mépris qu’elle pouvait bien afficher.
Quelle tristesse, je pouvais faire pire.
Plus tard. Mais je pouvais.

- Je vous laisse entre vous, j'ai fini ce que j'étais venue y faire de toute façon. Son sourire malveillant m’arrachait un léger frisson – ça et l’endroit, ce n’était pas pour moi.
- Ah.
Si j’étais réputée pour ne pas être amusante, je n’étais pas réputée pour être bavarde. Qu’on se le dise, autant restée concise. Ah. C’est comme ça que tu l’entretiens ? La question s’était posée d’elle-même, je ne l’avais pas vu venir. Je n’avais pas pu la revenir. Ta folie.
Et ta connerie aussi. Les deux ne pouvaient qu’être enrichies en cet espace – je soupçonnais d’ailleurs les murs d’amplifier et d’accélérer le processus. Leurs murmures me paraissaient soudainement plus important ; je ne voulais pas leur prêter une oreille. Je n’avais aucune envie d’entrer dans un jeu dangereux, comme avant, d’essayer de comprendre ce qu’ils voulaient bien dire.
- Amuse toi bien...si ce n'est pas trop te demander. J’en souriais, contaminée par le côté malsain et vicieux de la Verte & Argent. Alors qu’elle passait à mes côtés, je décidais de jouer la carte de la provocation, l’attrapant rapidement par le bras.
J’avais récolté une réputation à la con – lancer le sortilège de l’impérium, quelle idée – autant l’utiliser.
- Ne tue personne. Ou fais le bien… si ce n’est pas trop te demander. Ironie, ironie. On t’a déjà demandé ce que ça fait d’avoir … Je fronçais les sourcils, perturbée par les murmures. D’un vague geste, je lâchai l’autre brune avant d’agiter mes mains sous son nez. du sang… Satanés murmures. sur les mains ?
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Alice M. Ewing
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MessageSujet: Re: retour aux sources.    retour aux sources.  EmptyVen 3 Jan - 21:26

Et voilà que McGwen gesticulait encore, comme à l'accoutumée, telle le pantin désarticulé ridicule qu'elle était. Tout portait à croire qu'elle n'était pas non plus douée de parole. En fait, elle me faisait penser à un singe, à un de ces macaques qu'ils enfermaient au zoo pour distraire les aventuriers du dimanche. Il ne manquait plus que les ouh ouh ah ah et l'imitation était parfaite. Je ne pus m'empêcher de sourire aigrement face à ces mimiques plus que clownesques. Comme quoi, tous les fous n'étaient pas enfermés à l'asile. J'en étais sans doute la preuve vivante, mais il y avait bien d'autres spécimens auxquels il fallait prêter attention. Je n'étais clairement pas la seule concernée par tout ça. Pandore avait fait bien des ravages dans tout ce petit monde - à moins qu'elle ne soit naturellement comme ça, déconnectée de la réalité, ridicule caricature de je ne savais quoi – trop bizarre pour être seulement définissable. Pour un peu, elle me ferait de la peine. Elle était plutôt pathétique dans son genre, une sorte de clown triste qui se réfugiait dans sa solitude pour fuir un monde trop cruel, un monde qui ne voulait pas d'elle. Pourtant, je ne pouvais pas être désolée. Après tout, la compassion ne faisait pas partie de mes attributions. J'étais incapable d'en ressentir pour quiconque, et Hope ne faisait pas figure d'exception. Dans un premier temps, j'aurais dit qu'elle était à mettre dans le même sac que Grey – la fille, évidemment. C'était une horrible méprise, car la distinction entre elles était très nette. Je n'aimais pas McGwen, c'était un fait. Grey, je la haïssais, du plus profond de mon être. Autrement dit, ce n'était pas vraiment le même type de ressenti. McGwen me laisserait totalement indifférente si seulement elle n'avait pas cette fichue manie de gesticuler dans tous les sens, empoisonnant mon champ de vision. Pour tout avouer, je l'avais presque oubliée, depuis notre rencontre des années plus tôt. Je passais devant elle sans la voir tant elle était transparente. Invisible, même, elle jouait les tapisseries à la perfection.

Son rire frôlant la démence brisa le silence qui s'installait entre nous. Quelque part, je la remerciais d'avoir eu cette réaction : cela nous a évité de nous regarder en chiens de faïence pendant des plombes. Je ne sursautai même pas face à ce soudain accès d'hilarité. Je restais totalement inexpressive, comme à mon habitude, la fixant de mes yeux marron, attendant patiemment qu'elle ait terminé son cirque. Les murs, eux, semblaient se joindre à elle, entrant dans la danse, saluant un humour que je ne me connaissais pas. J'aurais pu me joindre à eux, mais voilà, il semblerait que j'aie perdu la capacité de rire à tout jamais. Lorsque mes lèvres se tordaient en un semblant de sourire, je finissais inévitablement par avoir mal, tant c'était inhabituel chez moi. Seuls les sourires imprégnés d'arrogance et de mépris semblaient trouver grâce à mes yeux, et pourtant, même ceux-là me fatiguaient. Enfin, McGwen parla. Notion tout à fait relative, puisqu'elle s'était contentée d'émettre un simple ah, un ah tout bête, sans aucune valeur. Bien. Peut-être qu'elle va finir par arriver à formuler des phrases complètes. Sujet, verbe, complément, c'était ainsi que cela fonctionnait, l'avait-elle oublié ? «  Ah. C’est comme ça que tu l’entretiens ? » Entretenir quoi ? Je haussai un sourcil sarcastique. Comme quoi, elle n'était vraiment pas foutue de faire une phrase complète et intelligible. « Ta folie. » Nous y voilà. J'eus une envie irrépressible d'applaudir, comme pour saluer l'exploit qu'elle venait d'accomplir. Sans que je ne sois capable de les retenir, mes mains claquèrent l'une contre l'autre, alors que j'esquissais un large sourire moqueur. « McGwen a parlé. » lançai-je aux spectateurs invisibles, qui répétèrent en choeur a parlé...a parlé...a parlé.... « Cela mérite bien quelques applaudissements, n'est-ce pas? » Comme pour appuyer mes dires, les murmures s'intensifièrent, reproduisant mon claquement de mains. C'était comme si le couloir était soudainement bondé, empli de spectateurs avides de connaître la suite – le clou du spectacle n'étant pas encore arrivé. « Assez ! » tonnai-je pour faire taire le vacarme devenu insupportable, mais mon injonction n'avait eu aucun effet, c'était comme si ces murmures n'obéissaient pas aux règles imposées par le commun des mortels, comme s'ils avaient une existence qui leur était propre. Et voilà que ces murmures s'emballaient, s'amplifiaient, imitant des rires et des clameurs diverses, répétant inlassablement les mots que je venais de dire.

J'allais tout naturellement m'éclipser, mais Hope ne m'en laissa pas l'occasion. Elle venait de m'attraper le bras, serrant ma chair de ses griffes – ses serres de vautour. Le Choixpeau avait bien choisi sa maison. Mes prunelles implacables se posèrent sur son visage blafard. Ma vieille, tu as une mine affreuse, un peu de sommeil ne te ferait pas de mal, ton miroir t'en remerciera. Cependant, nulle insulte ne franchit mes lèvres, je préférais qu'elle considère mon silence comme étant menaçant. Je la mettais tacitement au défi de faire quoi que ce soit de regrettable. Elle m'avait touchée, elle allait le payer, c'était aussi simple que cela. « Ne tue personne. Ou fais le bien… si ce n’est pas trop te demander » Nouveau sourire forcé. Pour un peu, mon regard se serait allumé d'une lueur dangereuse, vengeresse. Si un meurtre devait être planifié en ce jour, ce serait très probablement le sien, personne n'irait la pleurer de toute façon, nous avions au moins ça en commun. « On t’a déjà demandé ce que ça fait d’avoir... » Encore cette fichue manie de ne pas finir ses phrases. Je me demandais comment faisaient ceux qui la fréquentaient quotidiennement, ils devaient probablement avoir un décodeur. Elle lâcha finalement mon bras pour esquisser une nouvelle série de gestes ridicules. À croire qu'elle aimait bien brasser de l'air. « du sang…sur les mains ? » Pendant tout ce temps, je ne l'avais pas lâchée du regard. Je n'avais même pas eu un mouvement de recul lorsqu'elle avait agité ses mains juste sous mon pif. « Arrête de gesticuler ainsi, McGwen, on dirait que tu chasses les moustiques. » En fait, c'était elle, le moustique. Elle émettait une sorte de bourdonnement désagréable à l'oreille, qui donnait envie de dégainer l'insecticide pour l'éloigner. « Pourquoi, tu envisages de faire un meurtre ? » La connaissant, la question était loin d'être innocente. Disons que ce n'était pas seulement pour faire du sarcasme sur mon passé sordide. « Dis-moi tout. » L'ombre d'un sourire diabolique se dessina sur mes lèvres, alors que j'adoptais une expression conspiratrice. Je n'avais aucunement l'intention de tremper dans les magouilles de cette fille, il était hors de question que je me compromette pour elle, elle ne m'entraînera pas dans sa chute, je l'avais juré. « Si ça se trouve, nous avons les mêmes personnes dans le viseur. » Instantanément, le nom des Grey flotta dans mon esprit. Elle aussi avait eu des démêlés avec la fille Grey, non ? « Alors ? Qui est dans le collimateur ? » roucoulai-je, affable comme jamais. Je n'oserais pas la juger là dessus, pas vrai ? Sinon, ce serait vraiment l'hôpital qui se fout de la charité. Un comble, en somme.
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